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Livy Etoile
16 février 2008

Bouffeur de temps

Facebook

L'idéal moderne de nos soirées semble bel et bien avoir été trouvé.
Mieux qu'un tête à tête en amoureux, mieux qu'une sortie cinéma ou théâtre, mieux qu'une petite fête improvisée entre amis, il existe Facebook, pour les glandeurs et pour les autres.
Facebook, si vous n'y avez pas encore succombé, est une sorte de trombinoscope géant en mieux, site communautaire tout droit venu des Etats-Unis et exclusivement en anglais, à mi-chemin entre "Copains d'avant" et "Myspace".
Crée exclusivement pour retrouver d'anciens amis/ennemis d'école, ex-boyfriends recasés et relations détériorées du travail, le site a surtout le don de plomber toute vie sociale dés que le piège se referme et de faire passer à ses inscrits de nombreuses nuits blanches sans même que les malheureux s'en aperçoivent.
Naturellement, Facebook est bien fait, sobre et attractif et par conséquent, fatal.
Il en devient la porte ouverte à tous les geeks, nerds et no-life de la Terre et même à ceux qui ignorent l'existence des précédents.
Il connecte les personnes entre elles quand il les déconnecte de la réalité, les hante, les obnubile, les obsède... et en plus, Facebook est gratuit!
C'est à se demander comment les gens vivaient avant.

Alors oui, c'est incontestable, les Facebookeurs existent et règnent en maître sur notre microcosme quotidien.
Du haut de mon petit profil, j'ai tenté une étude sociologique non-approfondie de la chose et j'en ai retenu quelques points importants.
Vous ne serez sans doute pas surpris d'apprendre que la grande famille des Facebookeurs est en pleine croissance et que ces derniers s'épanouissent au sein de différentes catégories si tant est qu'on y prête attention.
Quant à moi, par volonté de lister les choses et de les cadrer pour de bon, en totale subjectivité, j'ai testé pour vous...

_____

1) Le Facebookeur fou ajoute tout le monde et n'importe qui, pourvu qu'à la clé, il y ait des amis.
Il est exclusivement sur Facebook pour se créer un réseau et un personnage populaire. Alors il recrute. Observe. Tâte le terrain. Et puis pan! il ajoute. Le but du jeu étant d'avoir à son actif un plus grand nombre de profils que ses camarades Facebookeurs et de gagner ainsi en notoriété. Passé le cap des 100, 200, 300 amis à qui il ne parle jamais, il respire enfin, soulagé.
Il est à noter naturellement que lorsque deux Facebookeurs de cette catégorie se croisent dans la rue, ils s'ignorent ou pire encore, ne se reconnaîssent même pas! Normal, ils ne se sont jamais vus auparavant.

2) Le Facebookeur dragueur, tout comme le précédent, multiplie les ajouts de jour en jour à une exception prêt que l'on compte parmi ses amis virtuels d'avantage de Facebookeuses à gros seins venues de l'autre bout du monde que de personnes utiles pour son réseau. Naturellement, le Facebookeur dragueur espère une fin heureuse, c'est-à-dire coucher avec un maximum de Facebookeuses en un minimum de temps, tout en s'en vantant à ses amis masculins et en intégrant le groupe éponyme "Je me suis tapé tout Myspace, maintenant je m'attaque à Facebook". Le spécimen a l'avantage certain de se repérer très aisément et d'être ainsi évité.

3) Le Facebookeur-célébrités, est dérivé lui-aussi de la grande famille des Facebookeurs à ajouts multiples mais cette fois-ci opère dans le milieu "people". Acteurs, chanteurs, ou starlettes à la mode, tout y passe pourvu que les noms qui figurent dans ses contacts soient un minimum connus. Il n'en demeure pas moins conscient et sait par avance que la plupart des célébrités qu'il a à son actif sont en fait de faux profils, crées par des inconnus pour des inconnus (Et puis d'ailleurs, Luke Skywalker n'existe pas!). Chose curieuse pourtant, il continue d'ajouter de la star à la pelle car il faut bien le dire, c'est un gourmand.

4) Le Facebookeur no-life est toujours chez lui, seul, observe inlassablement sa page Facebook en espérant qu'il s'y passe quelque chose alors qu'envers et contre tout, il ne s'y passe rien et il ne fait rien pour que cela change! Il vit sa vie par procuration en parcourant les profils de gens qu'il ne connaît pas mais ne les ajoute jamais, se délecte des photos de soirées que lui n'aurait pas eu l'occasion de faire et s'en va se déconnecter au petit matin, un peu déprimé et le teint blafard, grommelant que WoW, c'est tout de même beaucoup mieux!

5) Le Facebookeur méchant se sert de Facebook pour se faire plus d'ennemis que d'amis. A la manière des trolls et autres rageux, il pollue les profils des inscrits de ses commentaires aigris et profite du fait d'être derrière un écran d'ordinateur pour cracher toute la haine qu'il refoule dans la vraie vie à longueur de journée. Par chance, ce Facebookeur se croise rarement. Trouvant d'avantage son compte sur les blogs ou les forums, il s'égare parfois sur Facebook mais n'y reste jamais bien longtemps.

6) Le Facebookeur falsifié s'inscrit sous un faux nom et sans photo afin que lui-même ne soit pas reconnu. Cela lui permet ainsi d'avoir accès à toutes les données du site et de fouiller incognito dans la vie des gens qu'il a jadis côtoyé histoire de savoir, au prix d'une curiosité mal placée, ce qu'ils sont devenus et s'ils ont réussi dans leur vie (ou mieux encore, s'ils ont échoué) mais tout en restant caché.
Le Facebookeur falsifié est hypocrite certes mais efficace, à condition de ne pas se faire démasquer, raison pour laquelle il se désinscrit souvent assez vite, une fois qu'il a obtenu tous les renseignements qu'il souhaitait.

7) Le Facebookeur lambda est une personne dite "normale" et n'y passe pas sa vie, encore moins ses nuits. Il continue d'avoir une vie sociale et même, comble du comble, des amis réels et utilise Facebook uniquement comme site communautaire pour retrouver des amis d'enfance et autres contacts perdus. Parfois, il peut dragouiller légèrement si l'envie lui prend, mais rien de bien alarmant.

8) Le Facebookeur "avec applications", comme son nom l'indique, est un mordu de toutes ces petites choses que les amis vous envoient au quotidien et qui vous polluent un profil en moins de temps qu'il ne le faut pour l'écrire. On retrouve ainsi sur sa page une bonne centaine d'icônes d'applications diverses, de la plus surprenante à la plus inutile en passant par la moins utilisée. Ce type de Facebookeur installe absolument TOUTES les applications, répond à TOUS les quizz, fait TOUS les tests, et pire encore, il s'en délecte. Lorsqu'il a terminé son dur labeur, il les garde bien en évidence sur sa page au lieu de les effacer et comme si cela ne suffisait pas, il vous les envoie! On reçoit ainsi de sa part, des "gifts" et tests de toute espèce mais aussi des applications vouées à élire le plus chaud célibataire de Facebook ou encore destinées à distribuer des fessées... Si c'est pas mignon, ça!

9) Le Facebookeur "droit au but", fervent ennemi du précédent, n'installe aucune application parce qu'il les conteste, n'appartient à aucun groupe parce que c'est trop commun et n'utilise son profil qu'à des fins professionnelles ou purement informatives. On trouve ainsi son champ d'informations personnelles excessivement bien renseigné mais hormis cela, son Facebook est nu parce qu'il n'y met rien et que c'est volontaire et assumé.

10) Le Facebookeur à photos ne jure que par les images de ses soirées, de ses vacances, de ses amis, de sa copine ou de son chien. Toutes les photos sont au préalable scrupuleusement taguées, datées et classées sous forme d'albums qu'on ne compte même plus. Les amis y vont de leurs commentaires qu'on ne comprend pas parce qu'on n'y était pas et c'est, dans les cas les plus extrêmes, une joyeuse série de" lol-mdrr-ptdrrr-kikoo-jtador tro" qui s'étend à l'infini. Parfois on en viendrait presque à espérer que celui-ci se mette aux applications juste pour ne plus se faire tagger par lui...
Petit détail important: le Facebookeur à photos peut se révéler très narcissique et créer des albums composés exclusivement de clichés de lui, pris sous toutes les coutures, dans toutes les poses et avec toutes les expressions possibles et imaginables. On imagine qu'il a, pour ce faire, du réaliser une série de 150 photos de lui-même avant de trouver celle qui le mettra le plus en valeur, Photoshop à l'appui...

11) Le Facebookeur français par excellence ne comprend rien à l'anglais, pas même un fichtre mot et ne désire d'ailleurs pas que cela change! Désespérément perdu alors dans les applications et tout le reste (parce qu'en plus, il est nul en informatique), il se voit obligé de cliquer un peu partout et se retrouve avec un profil spammé de toute part de choses pour le moins hostiles qu'il ne voudrait pas et surtout qu'il ne comprend pas. Il finit souvent par intégrer le groupe "Pétition pour que Facebook soit traduit en français" et profite de ses amis bilingues (ou de son traducteur en ligne) pour mettre toutes ses données à jour. Quand il est vraiment prêt à se surpasser, il gère sa page tout seul comme un grand et tout va de travers, évidemment.

12) Le Facebookeur mondain ne possède que des amis virtuels/réels ayant un nom à particule ou presque. Exit les Dupont et autres Martin, il lui faut des " de" ou "du" comme s'il en pleuvait, sans quoi diantre, ce ne sont assurément pas des gens fréquentables. (le mieux étant encore de cumuler le "de" avec le "du", mais là, c'est plutôt balaise ^^).
Le Facebookeur mondain a fréquenté les soirées rallyes durant sa jeunesse et appartient à une élite fermée dont il ne voudrait ouvrir le cercle pour rien au monde. Il intègre des groupes bien spécifiques concernant des soirées chics, lieux tendances et autres marques branchées, affiche des idées politiques plutôt radicales et communique exclusivement avec les gens de son milieu et de sa famille (en général, les 3/4 de ses contacts sont familiaux, les cousins s'étendant à l'infini).
Naturellement, il possède toujours un nombre important d'amis car il est de rigueur pour lui aussi d'atteindre une côte de popularité importante. Le Facebookeur fou à côté peut aller se rhabiller, c'est un beauf avéré!

13) Le Facebookeur à groupes. Si les groupes sont sensés représenter les goûts, activités, états d'esprit, lieux de vie ou de scolarité passées, le Facebookeur à groupes rivalise d'ingéniosité pour se mettre dans LE groupe où on ne l'attend pas, l'idéal étant de trouver un groupe stupide et inutile à la fois et de renouveler l'expérience le plus possible (même si passés 100 groupes, une possibilité d'expulsion du site est à envisager). Dans le top 10 des groupes du grand n'importe quoi, on retrouve ainsi "Contre les cons qui restent immobiles à gauche sur l'escalator", "Tous les matins, je me dis: ce soir je me couche tôt" ou encore "Je retourne régulièrement mon oreiller pour avoir le côté froid". Pour les plus engagés des Facebookeurs, certains groupes proposent également de procéder à l'échange Ingrid Betancourt<-->Sarkozy avec les FARC, de créer un accrobranches pour cette même Ingrid (il fallait oser!), de "sauter" un communiste ou encore de pendre un gréviste ratpiste après trois heures d'embouteillages! Subtile façon d'affirmer ses goûts, le Facebookeur à groupes peut, pour varier les plaisirs, décider de jeter un danseur de tecktonik dans l'acide ou encore d'emprisonner les Tokio Hotel pour de bon. Enfin, comme cette notion de groupes n'est jamais bien méchante, il choisit la carte de l'autodérision en assumant "son humour de merde" , se proclame haut et fort partisan de l'expression poétique "Dans ton cul" et lutte comme un perdu contre les gens qui portent des chaussettes avec des sandales. Comme chaque groupe amène son lot de questions existentielles, il en finit par se le demander vraiment: mais que devient son compte Facebook s'il meurt?
Mais comme il ne meurt pas, la lutte pour les nouveaux groupes demeure ouverte.

14) Le Facebookeur "Forward", ennemi juré de vos wall, superwall et autres funwall et pollueur de son état est un fervent partisan de ces images à deux euros cinquante qu'on est sensé "forwarder" et envoyer à un nombre inconsidéré d'amis parce qu'il va soi-disant se produire un truc trop-génial-hyper-mégatissime pour qu'au final il ne se passe rien. Passablement agaçant car très spammeur, les facebookeurs à groupes ont décidé d'agir contre lui en créant un groupe pour qu'il cesse toute action "Forward" mais sa croissance ne cesse malgré tout d'augmenter. Il n'en demeure pas moins un phénomène intéressant.

15) Le Facebookeur qui s'en fout s'est seulement inscrit parce qu'épuisé de recevoir 150 mails par jour l'invitant à rejoindre Facebook, il a fini par céder à la pression mais il s'y désintéresse totalement. Il laisse sa page à l'abandon, la consulte peu, et demeure présent uniquement parce que Facebook est une mode et que c'est une bonne chose finalement que d'avoir son nom sur ce genre de sites.
Sitôt que la tendance tournera, il sera le premier à se désinscrire tellement il s'en moque, à moins qu'il n'ait oublié son mot de passe d'ici là...

16) Le Facebookeur qui s'ignore. Profil type du gars qui lutte pour ne pas s'inscrire, se proclame définitivement contre et sait d'avance que jamais il ne mettra le petit orteil sur Facebook. Pourtant, ce qu'il ne sait pas encore, c'est qu'il se pourrait bien qu'un jour, cédant à un coup de folie, il franchisse le cap et là, définitivement, dans l'abîme de l'anti-vie sociale, il sombrera...

-Livy-

Un peu droguée par Facebook,
Mais mieux dans le réel assurément
Et Facebookeuse à groupes, inévitablement ^^

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Commentaires
-
Musy: merci :)<br /> <br /> John: Je me suis essentiellement inspirée de toi pour décrire le Facebookeur français. Dans ces conditions, il était normal que tu te sentes concerné!
J
Je n'ai qu'une chose à dire, c'est bien compliqué Facebook. Je crois qu'on peut dire que je suis un facebookeur Francais.<br /> <br /> Bisous
M
très drôle ton article!<br /> musy
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